Biographie

Il y a des artistes qui capturent le réel, et d’autres qui l’effacent pour mieux le réinventer. Marjolaine Vuarnesson appartient à cette seconde catégorie, celle des rêveurs qui transforment la lumière en matière et la matière en mirage. Son travail photographique, dominé par l’aléatoire et la surprise du Polaroid, oscille entre apparition et disparition, entre l’empreinte fugace d’un instant et la persistance d’un songe.

D’abord sculptrice et peintre, elle porte dans son regard une approche plastique du monde, façonnant les images comme d’autres pétrissent l’argile. Depuis 2012, elle explore la photographie instantanée comme un territoire mouvant, un laboratoire où chaque cliché est une naissance hasardeuse, un secret soufflé par la chimie et le temps. Ses œuvres, souvent réalisées par superpositions ou transferts d’émulsion, évoquent des cités fantômes envahies par la nature, des visages fondus dans la brume du souvenir, des paysages où le réel et l’imaginaire se confondent.

Dans Dream’s City, ses métropoles réinventées prennent une respiration végétale, comme si les grandes capitales du monde avaient enfin retrouvé leur souffle originel. Dans Apparitions, elle fouille la mémoire du cœur, déposant sur le papier des fragments d’émotion à peine révélés, suspendus entre l’adolescence et l’âge adulte. Toujours, chez elle, l’image palpite comme une confidence murmurée, une trace fragile qui pourrait s’effacer à tout instant.

Il y a chez Marjolaine Vuarnesson une poésie du flou et de l’éphémère, une recherche de la beauté dans l’accident, dans ce qui tremble, ce qui fuit, ce qui s’efface. Son œuvre ne se contemple pas seulement : elle s’écoute, elle se ressent, comme un écho lointain, une empreinte laissée sur la surface du temps.